Stas, Jean-Servais (1813-1891)

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Chimiste, né le 21 août 1813 à Louvain et décédé le 13 décembre 1891 à Saint-Gilles.


Biographie

Jean-Servais Stas est le fils de Jean-Baptiste Stas serrurier-poêlier prospère, originaire de St-Trond, né le 1er août 1779 et de Jeanne-Josèphe De Mortier, Louvaniste née le 28 juin 1778. Il est le troisième garçon d’une famille de huit enfants.Il naît à Louvain le 21 août 1813. Après avoir fait ses premières classes dans l’atelier familial, à 5 ans, il entre à l’école primaire de la ville et il poursuit ses humanités au collège.[1]

Il entre à l’Université d’État à Louvain en 1832 ; celle-ci ne possède plus de faculté des sciences depuis les réformes qui ont suivi la révolution belge. Stas s’inscrit alors à la faculté de médecine. A partir d’octobre 1832, il suit les cours de la faculté libre des sciences qui prépare les futurs candidats médecins. Il bénéficie d’une bourse d’étude et est encadré par Hensmans et de Koninck dans le laboratoire de van Mons. Ce dernier engage Stas comme préparateur officiellement le 5 juillet 1834, mais il y travaille officieusement dès le 6 juin de la même année.

Afin de pallier le manque d’équipement dû à l’instabilité des universités de l’époque, Stas organise et construit un laboratoire dans le grenier de son habitation familiale. Il fabrique ses propres instruments. Il y met en évidence l’existence de la phlorizine dans l’écorce de la racine de pommier. Il annonce cette découverte avec De Koninck à la fin de 1834.

Le 14 août 1835, il obtient son diplôme de docteur. Le 27 septembre de la même année, l’université d’état est supprimée. Stas reprend ses fonctions en décembre à l’Université catholique de Louvain sous la direction de Martin Martens. [2]

Stas part compléter sa formation à Paris auprès de Dumas. Il y poursuit ses recherches et est invité le 21 janvier 1839 à présenter un résumé de son travail lors d’une des séances de l’Institut de France.

Le 2 septembre 1840, Stas est nommé professeur à l’ École militaire. Il rentre en Belgique en février 1841 et enseigne pendant 25 ans. Il privilégie une pédagogie de l’observation et de compréhension des phénomènes par l’expérience. Malgré de nombreuses demandes, il n’obtient pas directement les moyens de ses ambitions ni le matériel nécessaire à l’apprentissage des sciences comme il l’entend.[3] Le professeur propose un enseignement toujours à la pointe des découvertes. Stas influence de cette manière les contenus des cours de chimie dans les universités belges. Malgré ces avancées, Stas n’arrive pas à installer de laboratoire où tous les élèves auraient pu manipuler les substances.

Il construit donc un laboratoire privé installé, dans un premier temps, dans une grange à Ixelles et par la suite dans une maison de Saint-Gilles.[4] Il l’équipe à ses frais et réclame régulièrement des fonds au gouvernement, sans grand succès.

Il est nommé correspondant de l'Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, le 7 mai 1841 et il devient membre de l’institution le 14 décembre 1841. Il est président de l'Académie en 1890 et directeur de la Classe des Sciences à de nombreuses reprises.

En 1846, il est nommé membre du Conseil de salubrité publique d’Ixelles. Il fait également partie de nombreuses commissions gouvernementales, entre autres, le Conseil supérieur d’hygiène publique. En 1855 et en 1862, il est membre des jurys internationaux de Paris et de Londres.[5] En 1850-1851, il est désigné en tant que chimiste comme expert dans le procès d’Hippolite Visart de Bocarmé qui avait assassiné son beau-frère, Gustave Fougnies. Stas met en évidence, pour ce crime, l’utilisation de nicotine, produit alors indétectable.

En 1857, il pose sa candidature pour la chaire de métallurgie de l’université de Liège mais il n’est pas retenu. En 1865, il postule pour le poste de commissaire des monnaies alors vacant, il occupe cette fonction jusqu’en 1872. Par arrêté royal du 22 juillet 1865, il est mis, à sa demande, en disponibilité sans traitement de l'École militaire. Il ne peut plus enseigner à cause de problèmes de santé. Deux années plus tard, à la suite de la démission de son successeur, Théodore Swarts, l’arrêté du 25 décembre 1867, lui confie à nouveau ce poste. Il obtient l’éméritat en 15 février 1868. Il occupe le poste de conseiller technique à la Banque nationale et ce jusqu’à sa mort.

En 1867, il représente la Belgique à la conférence diplomatique monétaire de Paris. Il est également président de la commission des poids et mesures en Belgique et, en cette qualité, il devient président de la Commission internationale du mètre en 1872 à Paris et puis en 1874 à la conférence diplomatique du mètre à Londres.[6]

liste des prix et honneurs obtenus par Stas
Dates Prix
1864 prix quinquennal des sciences physiques et mathématiques
1868 docteur honoris causa de l’Université de Bonn
1874 docteur honoris causa de l’Université de Leyde
5/11/1885 le Davy Medal de la Royal society de Londres

En 1877, il est ommée membre de la Commission de l'Observatoire royal. De 1883 à 1885, il participe au Comité directeur de l'établissement.
Le 1er janvier 1891, Stas prononce un discours devant le roi en tant que président de l’Académie royale. Il y dénonce la manière dont les professeurs des universités d’Etat sont recrutés, et préconise le droit de présentation, par les universités, de candidats aux postes vacants.

Le 5 mai 1891, les trois classes de l’Académie rendent honneur aux 50 ans de présence de Stas en son sein.
Il est membre de la Royal society de Londres, de l'Institut de France, membre honoraire de l'Académie royale de médecine de Belgique, membre de l'Académie royale de Bavière, de l'Académie de médecine de Stockolm, membre correspondant de la Société royale des sciences de Göttingen, membre de la Société royale des sciences de Turin, membre d'honneur de la Société chimique de Londres et de la Société de chimie d'Allemagne.
Il décède le 13 décembre 1891.

Le laboratoire de Stas est racheté par Solvay qui le cède plus tard au gouvernement.[7]


Travaux

Jean-Servais Stas (1813-1891)

En 1834, Stas découvre l’existence de la phloridzine dans l’écorce de la racine de pommier. En 1837, il poursuit les recherches dans ce domaine dans le laboratoire de Dumas à Paris, il en fait l’étude complète.[8]

Il collabore avec Jean-Baptiste Dumas dans le cadre de différentes recherches, entre autres, l’action de la chaux potassée sur les alcools, la fusion des corps organiques en milieu alcalin, les poids atomiques et plus particulièrement celui du carbone. Ils travaillent également sur la composition de l'acide carbonique, et sur les types chimiques, travaux pour lesquels l'Institut de France a félicité les auteurs et auxquels la Société royale de Londres a décerné la médaille de Copley.

En 1840, Stas est nommé à l’ École militaire et rentre à Bruxelles, les deux chercheurs travaillent alors séparément pour rectifier leurs résultats sur la masse atomique du carbone.[9]

Stas continue péniblement ses recherches dans ce domaine mais est contraint à arrêter par manque de moyens financiers. Il consacre alors ses travaux à l'étude du gaz de Faraday et du butylène. Il démontre ensuite la propriété de l'hydrogène de se substituer au chlore des dérivés chlorés et de restaurer, de cette façon, la matière hydrocarbonée primitive. Il ne publie cependant pas les résultats de ces travaux.

Dès son entrée à l’Académie, Stas est chargé de déterminer le degré géothermique. Il détermine l'élévation de la température de la terre par rapport à la profondeur.

En 1848, il publie le résultat de ses recherches chimiques sur les propriétés et la composition de l'acétal. Il s’intéresse enfin à l’examen des liquides de l'amnios et de l'allantoïde. Stas reprend alors les recherches sur les poids atomiques et rectifie les premiers résultats obtenus avec Dumas. Il fait paraître en 1860 ses résultats sur les rapports réciproques des poids atomiques. Plusieurs chercheurs proposent des fonds pour permettre à Stas de poursuivre ses travaux à l’étranger. Ce dernier refuse et contacte différents ministres, dont Charles Rogier, en vue d’obtenir en vain des subsides du gouvernement.

En 1872, suite à ses activités à la Monnaie,il mène, entre autres des Recherches sur la statique chimique au sujet du chlorure et du bromure d’argent et plus tard entre 1874 et 1880, il examine les alliages de platine et d’iridium destinés à la confection du mètre et du kilogramme étalons.[10]


Publications

  • "Recherches chimiques sur la phloridzine", in Annales de chimie et de physique, 1839, p. 367.
  • Avec DUMAS, "Recherches sur le véritable poids atomique du carbone", in Annales de chimie et de physique, Série 1, t. 3, 1841, p. 5-59.
  • Avec DUMAS, ["Second mémoire sur les types chimiques."], in Annales de chimie et de physique, 1840, p. 115.
  • "Notice historique sur J.B.F. Van Mons, membre honoraire de l’Académie", in Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique, 1843, p. 851-881.
  • "Recherches médico-légales sur la nicotine, suivies de quelques considérations sur la manière générale de déceler les alcalis organiques dans le cas d'empoisonnement", in Bulletin de l’Académie royale de médecine de Belgique, t. 11, 1852, p. 202.
  • "Chimie appliquée à la météorologie : Nouvelles analyses de l'air", in Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1842, t. 14, p. 570.
  • "Chimie physiologique : Note sur les liquides de l'amnios et de l'allantoïde ", in Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1850, t. 31, p. 629.
  • "Recherches de statique chimique au sujet du chlorure et du bromure d'argent", in Annales de chimie et de physique, 1872, t. 25, p. 22 ; t. 3, p. 145, et t. 3, p. 289.
  • "Rapport sur des travaux exécutés sur le platine iridié employé à la confection des règles, par MM. Broch, Sainte-Claire-Deville et Stas, rapporteur", in Procès-verbaux du Comité international des poids et mesures, Paris, 1877.
  • "De l'analyse du platine iridié employé par la section française de la Commission internationale du mètre à la confection des prototypes, par MM. Sainte-Claire-Deville et Stas", in Procès-verbaux du comité international des poids et mesures, Paris, 1877-1878.
  • "Des types en platine, en iridium et en platine iridié à différents titres, par MM. Broch, Sainte Claire-Deville et Stas, rapporteur", Procès-verbaux du comité international des poids et mesures, Paris, 1878-1879.
  • "De la règle-type, en forme d'x, et en platine iridié à 10% d'iridium, par MM. Broch, Sainte-Claire-Deville et Stas, rapporteur", Procès-verbaux du comité international des poids et mesures, Paris, 1879-1880.
  • "Recherches sur l'absorption, par la peau humaine saine, d une solution aqueuse très diluée d'arséniate de sodium et d’iodure de potassium, et de l'absorption de l'iode de sa teinture appliquée sur la peau humaine saine et sur la peau humaine recouverte de son épiderme altéré", in Bulletin de l'Académie royale de médecine de Belgique, 1886, t. 20, p. 89.
  • "Bougies stéariques; allumettes chimiques; blanc de céruse; blanc de zinc; peinture à la céruse ; peinture au blanc de zinc; outre-mer artificiel", in Rapports faits au nom du jury mixte international, Paris, 1856.
  • "Produits chimiques : acide sulfurique; sulfate de soude; sel de soude; gélatines et colles fortes; silicate de potasse; bougies stéariques; allumettes chimiques; savons; vernis; caoutchouc; cuirs; papiers et cartons; blanc de céruse; blanc de zinc; outre-mer artificiel. Préparation et conservation des substances alimentaires : farines, pâles, amidon, sucres, alcools", in Rapport du jury belge de l'Exposition universelle de Paris en 1855, Bruxelles, 1856.
  • "Rapport sur l'industrie stéarique au jury de l'Exposition universelle de Londres en 1862", in Reports by the juries, London, 1863.
  • "Rapport sur l'industrie des corps gras : acides gras, huiles et graisses ; savons ; hydrocarbures ; huile de schiste ; pétrole ; paraffine; éclairage aux hydrocarbures; gélatine et colle forte; appareils destinés à la distillerie; appareils réfrigérants poulies moûts de bière et les vinasses de distillerie", in Rapports du jury belge de l'Exposition universelle de Londres, t. 1er, Bruxelles, 1863.

Publications de l'Académie

Notice biographique


Bibliographie

  • DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 285-321.
  • SPRING, Walter, "Stas (Jean-Servais)", in Biographie Nationale, t. 23, Bruxelles : Établissements Émile Bruylant, 1925, col. 654-684.
  • SNELDERS, Henricus, A.M., "En exergue de la chimie : Jean-Servais Stas", in Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 1, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 154-158.
  • SPRING, Walter, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Servais Stas, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 217-376.


Notes

  1. DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 286.
  2. SPRING, Walter, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Servais Stas, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 233.
  3. SPRING, Walter, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Servais Stas, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 257
  4. SPRING, Walter, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Servais Stas, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 262.
  5. DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 299
  6. DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 299
  7. SPRING, Walter, Notice sur la vie et les travaux de Jean-Servais Stas, membre de l’Académie, in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1893, p. 266.
  8. DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 293.
  9. SPRING, Walter, "Stas (Jean-Servais)", in Biographie Nationale, t. 23, Bruxelles : Établissements Émile Bruylant, 1925, col. 661.
  10. DELHEZ, Robert, "Jean-Servais Stas", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 306.