Difference between revisions of "Femmes d'exception: les scientifiques autodidactes du 19eme siècle"
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<br/>Durant presque tout le dix-neuvième siècle, les portes des universités belges sont restées fermées aux femmes. Le diplôme de l’enseignement supérieur et les professions scientifiques connexes étaient l'apanage exclusif des hommes. L’enseignement primaire fut pendant longtemps le grade officiel le plus élevé que les jeunes filles pouvaient obtenir. Dans cet enseignement, l'attention était principalement portée au rôle d'épouse et de mère, par le biais de cours sur l'économie domestique, le chant et le travail manuel. Les écoles secondaires pour filles ne firent leur apparition qu'à partir de 1864, sous l'influence de la féministe progressiste [[Gatti de Gamond, Isabelle (1839-1905) | Isabelle Gatti de Gamond]]. Mais même alors, les bancs de l'école étaient réservés aux filles des classes sociales les plus élevées. | <br/>Durant presque tout le dix-neuvième siècle, les portes des universités belges sont restées fermées aux femmes. Le diplôme de l’enseignement supérieur et les professions scientifiques connexes étaient l'apanage exclusif des hommes. L’enseignement primaire fut pendant longtemps le grade officiel le plus élevé que les jeunes filles pouvaient obtenir. Dans cet enseignement, l'attention était principalement portée au rôle d'épouse et de mère, par le biais de cours sur l'économie domestique, le chant et le travail manuel. Les écoles secondaires pour filles ne firent leur apparition qu'à partir de 1864, sous l'influence de la féministe progressiste [[Gatti de Gamond, Isabelle (1839-1905) | Isabelle Gatti de Gamond]]. Mais même alors, les bancs de l'école étaient réservés aux filles des classes sociales les plus élevées. | ||
| − | <br/> Pourtant, pendant cette période déjà, certaines femmes s' aventurèrent dans le domaine des sciences. Pour ces dames avides d'apprendre, il s'agissait de se montrer créatives et entreprenantes. L'aspirante botaniste [[Libert, Marie-Anne (1782-1865) | Marie-Anne Libert]] apprit par elle-même le latin et déchiffra le Cruydeboeck de Dodoens, qu'elle avait obtenu après avoir supplié ses parents. De ses excursions dans les forêts ardennaises, elle rapporta des échantillons de plantes qui lui permirent d'établir son propre jardin botanique. [[Destrée (Bommer), Elise Caroline (1832-1910) |Elise Destrée]] gérait pendant la journée un commerce avec sa sœur et, pendant la nuit, se débattait avec les ouvrages de références en sciences naturelles. Quant à [[Rousseau | + | <br/> Pourtant, pendant cette période déjà, certaines femmes s' aventurèrent dans le domaine des sciences. Pour ces dames avides d'apprendre, il s'agissait de se montrer créatives et entreprenantes. L'aspirante botaniste [[Libert, Marie-Anne (1782-1865) | Marie-Anne Libert]] apprit par elle-même le latin et déchiffra le Cruydeboeck de Dodoens, qu'elle avait obtenu après avoir supplié ses parents. De ses excursions dans les forêts ardennaises, elle rapporta des échantillons de plantes qui lui permirent d'établir son propre jardin botanique. [[Destrée (Bommer), Elise Caroline (1832-1910) |Elise Destrée]] gérait pendant la journée un commerce avec sa sœur et, pendant la nuit, se débattait avec les ouvrages de références en sciences naturelles. Quant à [[Hannon (Rousseau), Mariette (1850-1926)|Mariette Hannon]], elle puisait dans la riche bibliothèque de son [[Hannon, Joseph-Désiré (1822-1870)|père]], professeur de zoologie et d'anatomie comparée à l'[[Université libre de Bruxelles |Université de Bruxelles]]. |
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Revision as of 08:03, 8 April 2022
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Soif de savoir et autodidactisme
Cupidon et la science
Les femmes demeurées célibataires, comme Marie-Anne Libert, durent livrer des batailles plus ardues. Isolée dans la petite ville endormie de Malmédy, et sans aucun partenaire scientifique, elle n’avait aucun accès aux ressources et aux représentants du monde universitaire. Contrairement à Hannon et Destrée, elle ne disposait que de deux monographies pour sa recherche botanique, mais les exploita de manière si efficace qu'après un certain temps elle parvint à se construire une vraie réputation. Le célèbre botaniste français Augustin De Candolle s’étonna à ce sujet: ‘Sans autre secours que l’Enciclopédie et la flore françoise elle est parvenue à déterminer presque toutes ses plantes même les lichens avec assez de précision!'
Une brèche dans le bastion masculin
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Notes
- ↑ Il s'agit en fait du Bulletin de la Société Royale de Botanique de Belgique , publié par la Société royale de botanique de Belgique, une association en étroite collaboration avec le Jardin Botanique.
